Chaque fin d’année, je reprends la liste de ce que j’ai vu et lu, aimé et retenu, pour éventuellement le partager. Quelques passages chez Philip K. Dick ou N.K. Jemisin, mais aucune lecture plus marquante que Le Mage du Kremlin (dont je parlais en février dernier). Même si Andor sauve honorablement le lot, ce ne sont pas les séries Star Wars qui me feront oublier l’exceptionnel Bureau des légendes (dans les 3 points de mars). La leçon de cinéma par Steven Spielberg dans The Fabelmans (en avril) s’impose sans difficulté face aux divertissements visuels comme Spider-Man: Across the Spider-Verse et Barbie. Côté bulles d’évasion, il y a eu un vide entre Frontier (en juin) et les rattrapages de fin d’année. Inutile d’évoquer les jeux vidéos, que je ne pratique plus depuis longtemps malgré les apparentes qualités artistiques et ludiques des nouveautés. Tout ce qui m’a plu remonte au début de l’année passée ; le second semestre fut pour moi une traversée du désert sur le plan culturel.
Les années précédentes, je visionnais en moyenne deux films par mois et j’arrivais sans peine à un livre par mois au moins. Pour 2023, deux mains suffisent pour les énumérer. Ces heures échappées ne m’ont pas pour autant permis de parfaire ma condition olympique – même si j’ai modestement contribué à ce que l’Union Sportive Paimpont-Concoret domine sa première moitié de saison en division départementale de football ! Il y a bien sûr le temps prenant de la parentalité, mais cet appauvrissement des horizons de fiction traduit sans doute principalement la charge mentale occupée par Open Source Politics et le programme que j’ai eu la chance de suivre à l’ESSEC.
Je porte régulièrement une attention particulière à la gestion équilibrée de mon temps d’éveil et de sommeil, de travail et de loisirs. J’ai connu bien pire, mais je peux mieux faire. Car tels les arbres dont la vie secrète nous est révélée par Peter Wohlleben, désormais si bien adapté en bande dessinée, nous avons tous besoin d’entremêler nos racines, d’affronter la pluie, de profiter des rayons du soleil et d’apprendre à apprécier le temps long. Remonter à la source des causes, comme les héros de Merwan dans le deuxième tome de la Mécanique céleste, moins puissant que le premier mais toujours vif. Choisir nos quêtes courageuses, comme Shuna, dont le voyage dessiné en 1983 par Hayao Miyazaki m’a plus emporté que son dernier film Le Garçon et le Héron. Enfin, garder l’appétit pour la Révolution, celle qui est toujours si brillamment racontée par Florent Graouzel et Younn Locard, comme celle que nous avons besoin d’imaginer pour notre temps. Voilà un bel objectif pour 2024, car la pile des opportunités littéraires et cinématographiques est déjà bien remplie.