Comme l’an passé, j’ai laissé aux étudiants de mon cours à Sciences Po le choix du sujet sur lequel il faudrait organiser une démarche de concertation publique nationale. Des thèmes proches ont été retenus : après la libération du temps l’année dernière, ce fut le sens du travail cette fois-ci, notamment pour questionner le difficile équilibrage entre le temps de travail et les autres temps de la vie. J’y réfléchis aussi depuis longtemps, et forcément davantage depuis l’arrivée dans la chronophage parentalité. Les témoignages autour de nous se ressemblent : la trentaine avec de jeunes enfants, c’est un rythme quotidien que l’on subit en se raccrochant à de courtes respirations personnelles.

La question du temps de travail revient régulièrement dans les discussions chez Open Source Politics. Je me renseigne depuis plusieurs mois sur les premiers effets, très souvent vertueux, du passage aux quatre jours par semaine, dont les occurrences tendent désormais à se multiplier, dans le public comme dans le privé, en France et ailleurs dans le monde. Les observations positives convergent : la productivité augmente, à la fois car le temps est plus contraint donc mieux utilisé, mais aussi parce qu’un surcroît d’énergie et de motivation provient du temps plus important de récupération.

Hélène aura l’occasion de tester le rythme du 80 % à compter de septembre. Je projetais également de lancer une expérimentation chez OSP en 2023. Hélas, les conditions ne sont pas réunies cette année pour réduire notre temps de travail individuel au sein d’une équipe qui voit plusieurs éléments s’éloigner et doit assurer une exigeante continuité de service tout au long de la semaine. De plus, les questions à trancher sont épineuses. Comment assurer un roulement équitable, quand certains jours offrent plus de perspectives que d’autres ? Comment concentrer toute son activité en quatre jours alors que nous avons parfois l’impression que cinq suffisent à peine ? Aurons-nous les moyens de réduire le temps de travail en maintenant le même niveau de salaires ? Comment concilier les préférences individuelles entre des semaines plus courtes et des vacances plus longues ?

Après des années de développement entrepreneurial effréné, j’ai trouvé un nouvel équilibre depuis le départ de Paris. La récupération des enfants à 18h m’a forcé à respecter un planning très dense concentré sur moins de 40 heures hebdomadaires, avec des besoins limités de retravailler le soir. Je sais que le prochain semestre mettra cette organisation à l’épreuve, entre l’apparition du calendrier scolaire et les besoins de l’entreprise. Je m’y prépare mentalement en profitant des vacances, elles-mêmes bien remplies, qui viennent de débuter. D’ici-là, passez vous aussi un bel été où que vous soyez !