Une année éprouvante s’achève. La vie de gérant d’une petite entreprise est faite de pics exaltants et d’accrocs décevants, qui s’enchaînent à un rythme plus ou moins soutenu. Je n’ai pas le droit de me plaindre au regard des épreuves bien plus rudes vécues par tant d’autres de nos citoyens bien plus précaires, mais l’amplitude entre motivation et frustration aura rarement été aussi forte qu’en 2025, empiétant souvent sur mon état de satisfaction personnel. Au premier rand des émotions douloureuses de ces derniers mois, il y eut bien entendu le décès de mon associé Olivier Buchotte fin février, suivi de près par celui de ma chère grand-mère cannoise fin avril.

Je ne suis pas de ceux qui parviennent à faire longtemps abstraction du cours du monde. Il n’est sans doute pas nécessaire de développer une fois encore le sentiment d’être de plus en plus asphyxié par les vents contraires. Nous naviguons à vue, individuellement et collectivement, sans budget certain ni vision durable pour notre pays, dans le contexte d’un déclassement manifeste du modèle européen cerné de toutes parts et d’un appauvrissement directement constatable des structures qui œuvrent pour l’intérêt général. Nos clients publics ont sensiblement réduit leur investissement dans les projets construits avec les citoyens, et pas uniquement parce que nous sommes entrés en période de réserve pré-électorale. Nous avons dû réduire la voilure en conséquence, en tirant sur toutes les cordes disponibles jusqu’à la limite de l’épuisement de nos ressources. 

Paradoxalement, nous n’avons jamais engagé autant d’initiatives. Ces moments créatifs sont toujours excitants. Avec nos partenaires, nous avons lancé une suite d’applications alternatives pour nous libérer de l’emprise des géants du numérique féodal. Nous nous sommes réjouis de voir la pétition contre la loi Duplomb dépasser le record de deux millions de signatures sur la plateforme de pétitions que nous gérons pour l’Assemblée nationale. Nous avons noué un partenariat avec une jeune entreprise néerlandaise pour proposer une nouvelle solution innovante d’écoute citoyenne. Nous avons posé les bases d’une interopérabilité entre les technologies citoyennes et noué des partenariats nouveaux avec les pionniers de ce sujet à travers le monde. À titre personnel, j’ai aussi concrétisé des projets qui me tiennent à cœur en ajoutant le lancement des ateliers d’éveil à la citoyenneté dans l’école de mes enfants et la publication additionnelle d’une lettre d’anticipaction – dont il n’est décidément pas facile de tenir le rythme espéré !  

Par mesure d’économie, autant physique que budgétaire, j’ai mis en pratique la semaine de quatre jours tout au long du second semestre en libérant l’essentiel de mes mercredis. Ce temps partiel a été appréciable en ce qu’il m’a permis de soulager notre organisation familiale et d’avoir le plaisir d’accompagner mes fils dans leurs activités musicales et sportives. En parallèle, grâce à la fidélité à notre réseau ferroviaire que j’apprécie autant que George Clooney, j’ai également eu la chance de me déplacer en Belgique (deux fois), en Espagne, à Lille, Lyon, Strasbourg (deux fois) et au Pays basque pour participer aux événements personnels et professionnels qui ont jalonné ces douze mois. 

Excessivement remplie, cette année de mise à l’épreuve se termine heureusement sur des signaux encourageants pour la suite d’OSP. Notre champ de compétences et d’influence sur une pluralité de projets n’a jamais été aussi grande. Nous avons beaucoup semé et espérons une récolte plus équilibrée après l’hiver. Témoigner des turbulences traversées n’a jamais été, à mes yeux, faire aveu de faiblesse, mais bien au contraire envoyer le signal que nous avons encore résisté en serrant les dents et que nous avons quelques personnes à remercier pour leur infaillible soutien. La question demeure derrière nos efforts et devant les menaces globales : pour aller où ? 

Découverte d’un sentier menant à un étang préservé lors d’une balade improvisée avec Sirius un mercredi matin non travaillé de novembre.