Maxime Blondeau, qui sait aussi bien sélectionner les mots que les images, dit d’elles permettent de penser le monde autrement et d’en prendre soin : les cartes fascinent. Elles nous trompent aussi parfois, comme je l’ai découvert avec les images satellite en très haute résolution de PlanetObserver, une autre entreprise de ma cohorte à l’ESSEC. Vous avez l’habitude de voir le désert du Sahara en jaune pale sur les fonds de carte ? Il est en réalité beaucoup plus nuancé. Il est bien connu que les planisphères déforment les continents en les projetant à plat ou qu’il n’est pas anodin de placer l’Europe au centre de nos projections géographiques. Chaque carte traduit et trahit une représentation particulière de notre environnement.
Avec Cosmorama, Maxime Blondeau nous propose chaque semaine une image – le plus souvent une carte – et une courte analyse historique ou personnelle. À l’ère de l’infobésité où les propositions de newsletters et podcasts nous submergent, je recommande cette proposition dans laquelle je trouve toujours une bulle digeste et rafraîchissante, très souvent inédite et éclairante. Ancien de Ouishare, passé par la Chine, observateurs des techniques, soucieux de l’écologie et passionné par les imaginaires, Maxime s’est également installé en Bretagne ces dernières années – nous nous connaissons peu, mais nous avions pu tracer certains parallèles dans nos trajectoires lors d’un déjeuner à Vannes l’an dernier. Influenceur star de LinkedIn, il a effectué un important travail de recherche et de curation parmi tous ces originaux objets cartographiques et prévoit d’en tirer de beaux ouvrages et des contenus multimédias.
J’ai écouté ces dernières semaines avec beaucoup d’intérêt la captation d’une récente intervention, au vernissage de son exposition « Géoconscience » à Paris. Il rappelle que nous arpentons un monde fini, dont nous épuisons les ressources. Cela nous impose de changer notre mode de vie hérité de l’ère néolithique et dont nous ne serions pas encore sortis : après avoir été dominé par le monde au paléolithique, Sapiens est devenu sédentaire, agriculteur et producteur, dominant un environnement qu’il s’est approprié et accumulant les ressources en souvenir de ce dont il a manqué à l’âge glaciaire – puis par pure avidité ? Dans un rapprochement entre les écologies occidentales et les sagesses orientales, Maxime propose d’adopter une nouvelle cosmographie basée sur les interactions et les flux, notre conscience désormais globale et la somme de nos responsabilités locales. À méditer.