La requête de Tristan est juste sur ce point : il n’y aura pas de seconde saison des Ti’bourgeons sur un format similaire en 2021. Je prévois d’y revenir ponctuellement, pour prendre des nouvelles de l’expérience locale ou illustrer une question d’actualité depuis l’angle fictionnel, mais ce ne sera plus un rendez-vous mensuel l’an prochain.

Le concept des Ti’bourgeons a germé à la fin de l’année dernière suite à un dîner avec le père d’une amie d’Hélène. Maire d’un village de Bretagne, il avait décidé de ne pas rempiler pour un second mandat afin de profiter de sa retraite et de sa famille. Ce serait mon Albert Clément. Pour avoir côtoyé quelques femmes et hommes politiques d’assez près, rares sont les élus qui ont la sagesse de ne pas s’attacher au pouvoir et à ses attributs. Il ne s’agit pas toujours d’une dérive personnelle ; le système institutionnel et partisan les encourage fortement à le faire. Dans le même temps, 60 % des maires sortants, notamment en zone rurale, annonçaient ne pas vouloir se représenter en mars 2020 en raison des sacrifices imposés par la fonction. J’ai vu là un espace fécond, alors que nous rédigions les synthèses des premières contributions à la Convention Citoyenne pour le Climat chez OSP, pour le récit d’une politique menée, autant qu’il me semble réaliste et souhaitable de le faire, « autrement ».Il existe aujourd’hui un vivier d’alternatives dans lequel piocher pour créer des mouvements citoyens et mettre en œuvre des décisions publiques alignées avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. A travers une galerie de citoyens fraichement élus, de l’agriculteur bio expérimenté à la jeune activiste intersectionnelle en passant par la rigoureuse ingénieure et les commerçants réunis en coopérative, j’ai voulu esquisser différentes attitudes face à la complexité bien réelle de devenir décisionnaires et comptables des orientations collectives. J’étais très loin en revanche d’imaginer les péripéties de l’année, qui ont fait voler en éclats mon plan embryonnaire dès le troisième mois. J’ai donc improvisé, le plus souvent sur les deux ou trois premières soirées du mois, pour adapter mes archétypes aux événements.

L’exercice aura eu le mérite de me stimuler et me divertir, mais je crains qu’il ne se renouvelle pas assez et finisse par lasser. J’arrive en cette fin d’année à retomber sur le point que je voulais atteindre : s’engager dans ce monde qui s’effondre est une nécessité, mais elle ne s’improvise pas. Cela exige un talent, un courage et un abandon d’une partie de soi qu’il faut cultiver autant qu’il faut s’en méfier. Si quelques bourgeons venaient à fleurir en chacun de nous, l’année prochaine promettrait peut-être l’éclosion d’autres récits à venir.