Certains diront que c’était couru d’avance et que cela condamne ce genre d’exercice, mais pour ceux qui ont cru et participé à la Convention Citoyenne pour le Climat, l’addition des renoncements commence à peser lourd face à la promesse d’une reprise « sans filtre » des 149 mesures préconisées par les 150 citoyens tirés au sort. Au-delà des inutiles et méprisantes déclarations jupitériennes devant la Start-up Nation en pâmoison, le maintien par le Gouvernement de la mise aux enchères des premières fréquences 5G fin septembre sans tenir compte de la demande d’un moratoire sur l’impact sanitaire et environnemental du nouveau standard de télécommunication mobile, est un énième symbole caractéristique de déni climatique.
Du côté des avantages attendus, les nouvelles antennes poursuivent l’amélioration de la 4G, et sont donc moins consommatrices et plus performantes à l’unité que la précédente génération. Ainsi, le déploiement 5G rendra possible de nouveaux services, plus ou moins utiles et dispensables, basés sur les objets connectés et la réalité virtuelle. C’est précisément sur ce point que le débat public doit être mené. Chaque bond technologique s’est accompagné d’une multiplication des usages, qui eux-mêmes se sont révélés de plus en plus énergivores. Qui peut croire qu’il n’en sera pas de même avec l’accélération du streaming vidéo et du cloud gaming, le développement de la télémédecine et de la gestion des chaînes logistiques, la généralisation des capteurs de données dans les villes (et la surveillance qui va avec) et l’entrée en service des voitures autonomes ?
L’accélération est vertigineuse : grâce à l’installation en quelques années à l’échelle mondiale de plusieurs milliards de capteurs nourris aux ressources rares, la 5G doit fournir des débits jusqu’à 1000 fois plus importants et 100 fois plus rapides que la 4G initiale, introduite il y a à peine dix ans. Outre le fait que les études sanitaires n’ont pas encore rendu leur verdict, comment pouvons nous détourner les yeux de ces chiffres et se contenter de croire que ce « progrès » est devenu, si ce n’est totalement superflu, au moins questionnable et contrôlable démocratiquement ?