Scintillante au-dessus de l’horizon lorsque s’achèvent les chaudes nuits estivales, Sirius est l’étoile la plus brillante du ciel. Repères stellaires et calendaires depuis la nuit des temps pour de nombreuses civilisations, les constellations du chasseur Orion et de son Grand Chien guidaient déjà le parcours des héros d’Homère.
Impatient de débuter ta propre aventure, tu es né dans une voiture en excès de vitesse, irrésistible météore tombé non loin de la borne 24 de la nationale 24, sur la terre bretonne de Treffendel aux merveilleuses sonorités elfiques. Voirie, pompiers, ambulanciers, et même ton frère, tous étaient conviés pour t’accueillir en bonne santé. C’était le dimanche 7 août, entre deux nuits des étoiles, pour le 7e anniversaire partagé par tes parents comblés.
Revivre une naissance est une sacrée chance. Nous étions déjà rassasiés de bonheur avec un premier né, mais c’est comme si un nouvel océan de tendresse qui t’est dédié se découvrait subitement dans nos cœurs. Il nous faudra résister à la facilité de toujours vous comparer ; ton frère et toi êtes déjà si différents au premier regard, vous grandirez en parallèle et choisirez en quoi vous ressembler ou vous distinguer. Qu’importe : à nos yeux, il y aura toujours une place égale pour vous deux.
Il faut savoir adopter le point de vue de Sirius, comme nous le recommande Voltaire par l’intermédiaire de son Micromégas, pour avoir du recul sur chaque chose complexe et ne pas prendre d’injuste parti. Nous observons déjà que tes ravissantes billes d’azur, naturellement attirées par les sources de Lumières, posent un regard curieux et pensif sur tout ce qui t’entoure.
Ulysse est la première turbulence dressée sur ton chemin. S’il ne mesure pas encore la force de ses caresses ni ne module correctement le volume de ses tonitruants réveils, c’est parce qu’il est très excité par ton arrivée. Son premier réflexe le matin est de courir te saluer, sa principale inquiétude est de t’entendre pleurer, son grand plaisir est de venir à tes côtés s’allonger. À n’en pas douter, vous formerez un beau duo d’explorateurs, toujours en quête de nouvelles îles mystérieuses.
Sourcils froncés, tu te demandes encore où tu as atterri. Les hommes sont fous et courent à leur perte. Nous avons voulu que ton prénom soit un talisman à l’épreuve de l’à venir. C’est de ta représentation céleste que dérive le mot « canicule », diminutif du canis qui irradie la voûte au-dessus de nos têtes lorsque la température nocturne ne baisse pas. La racine latine serenus qualifie à la fois le temps sec de ta naissance, la clarté des cieux chez Cicéron et la sérénité chez Ovide, celle que nous retrouvons dans la tranquillité qui déjà te caractérise. Elle se combine avec l’étymologie grecque Σείριος (Seírios), « ardent », pour que l’alliance entre ta brûlante envie d’avancer et le calme nécessaire pour t’adapter cultive ta sagesse de jouir, te réjouir et t’épanouir.