L’Union européenne est de retour sur la scène politique. RGPD qui protège nos données numériques depuis trois ans, négociation soudée du Brexit durant quatre ans et demi, coordination de la politique vaccinale malgré les égoïsmes et les impatiences, préparation d’un plan de relance historique et d’un Pacte vert ambitieux pour l’après-pandémie… Il reste des tensions et des imperfections – sans doute inévitables pour atteindre des compromis à cette échelle ? – mais l’Europe avance et se projette de nouveau vers l’avenir.
Dès sa prise de fonctions à l’été 2019, la nouvelle présidente de la Commission Ursula von der Leyen avait annoncé son intention d’organiser une expérience démocratique encore inédite. Après de longs mois de préparation, la Conférence sur l’avenir de l’Europe sera officiellement lancée ce dimanche 9 mai. La plateforme participative qui sert de fil conducteur à la démarche a été mise en ligne dès le lundi 19 avril, au lendemain du soixante-dixième anniversaire du traité précurseur instituant la communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) par la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
Il est naturellement trop tôt pour anticiper les résultats de cette Conférence, mais nous pouvons déjà constater qu’elle a été conçue sur des bases sans précédent. La démarche est mise en place conjointement par toutes les institutions européennes. Elle devrait durer au moins un an pour s’achever durant la présidence française du Conseil européen au premier semestre 2022. Elle s’appuie sur une plateforme ouverte aux idées et événements de toutes et tous. La matière récoltée nourrira le travail de plusieurs panels citoyens qui seront tirés au sort. Représentatifs de tous les États-membres, les panélistes seront chargés de remettre à la Commission, au Parlement et au Conseil des propositions sur toutes les compétences européennes.
Beaucoup le savent : mon engagement citoyen a été profondément marqué par le référendum de 2005 – pour lequel je n’avais pas pu voter, à quelques mois seulement de ma majorité. Les traités qui furent soumis au vote étaient le résultat d’une « Convention pour l’avenir de l’Europe » (2002-2003), qui fut à l’époque de formation beaucoup plus classique. Puis j’ai été choqué par le déni démocratique qui avait suivi, et que j’ai toujours pressenti comme annonciateur des crises politiques qui ont depuis secoué le continent. Ce moteur m’a poussé pendant quinze ans à parcourir toutes les capitales européennes, à battre la campagne pour mobiliser autour des enjeux des élections européennes dans les campagnes françaises, à former des Jeunes Européens en Écosse, en Norvège et en Belgique… Vous comprendrez donc à quel point c’est, pour moi, un grand honneur et une belle responsabilité de contribuer à l’organisation de cette Conférence à laquelle vous êtes toutes et tous conviés.