Avant même d’utiliser avidement les intelligences artificielles, l’humanité consomme en sept mois les ressources que la Terre génère en un an, et creuse irrémédiablement dans les réserves planétaires pour s’offrir le reste. Notre surconsommation actuelle se traduira par une moindre disponibilité des ressources pour les générations futures – et probablement aussi pour le futur des générations déjà nées. Nous le savons et pourtant c’est plus fort que nous. Le sous-titre n’est pas trompeur ; il y a bien là un défi pour l’humanité.
La bande-dessinée Ressources est bien partie pour rééditer le succès rencontré par Le monde sans fin, l’album de Chirstophe Blain et Jean-Marc Jancovici sorti il y a trois ans. Cette fois-ci, Vincent Perriot, à qui l’on doit le très beau diptyque Negalyod, dessine l’ingénieur Philippe Bihouix dans une aventure pédagogique complémentaire. En partant d’une critique argumentée des projets spatiaux d’Elon Musk et Jeff Bezos qui nous embarquent malgré nous dans une croissance exponentielle fondée sur l’exploitation de ressources extraplanétaires, l’ouvrage nous remet les pieds sur terre. Le contre-modèle a déjà été documenté dans les ouvrages de Philippe Bihouix : nous devrions privilégier un futur low-tech, fait de consommation nouvelle plus raisonnée, de maintenance de l’existant, de transformation et de ré-emploi de l’obsolète.
Si elle ne figurait pas déjà sous votre sapin, cette BD est une lecture recommandée pour débuter l’année et tenter de concrétiser quelques bonnes résolutions. Il est acquis que les petits gestes individuels ne suffiront pas, mais s’efforcer de les suivre permet de vivre plus en cohérence avec nos principes et les limites de notre environnement. Les changements de comportement demeurent difficiles au quotidien : j’ai relevé avec précision le contenu de mes assiettes de septembre à décembre dernier, et l’expérience m’a révélé que je suis nettement plus loin qu’espéré d’un régime flexitarien où la viande, sous quelque forme que ce soit, doit rester l’exception. Tout progrès dans la voie de la sobriété est affaire de sélection.