Le thermomètre tutoie les 40°C et les 3 points n’avaient encore jamais été écrits sous une telle température. Il paraît légitime que nos esprits s’échauffent quand, en parallèle, le déni climatique décomplexé se déploie sous nos yeux, à rebours des alertes scientifiques et le plus souvent au mépris des procédures démocratiques : reprise du chantier de l’A69, réintroduction de pesticides par l’adoption autoritaire de la loi Duplomb, allégement de l’objectif de zéro artificialisation nette, suppression des zones à faibles émissions, remise en cause du pacte vert européen… Cela fait beaucoup en quelques mois.

Si l’on ajoute à cette liste de reculs les récentes révélations sur notre contamination généralisée au cadmium, métal lourd cancérigène présent dans nos céréales, pains, pâtes et patates, qui fait suite à la cartographie de notre terrifiante exposition aux PFAS, il est difficile de conserver un regard optimiste sur nos conditions de vie futures. Pourtant, si le « backlash« , terme qualifiant ce retour de bâton réactionnaire qui s’en prend aux politiques environnementales des dernières années, est très puissant et tente de nous démobiliser définitivement, il se heurte encore aux digues érigées par la société civile.

Prenons pleinement conscience du fait que d’innombrables personnes sont aussi révulsées que nous par cette montée du carbo-fascisme. N’oublions pas que nous ne sommes pas seuls : des listes citoyennes qui se présenteront dans quelques mois aux prochaines élections municipales réfléchissent à la manière de faire des arbitrages soutenables au niveau local, le club des soutiens du média indépendant Vert.eco réunit désormais plus de 10 000 contributeurs, le travail programmatique du Shift Project pour décarboner la France a largement battu le record européen en matière de financement participatif avec plus de 4,5 millions d’euros récoltés, de nouvelles politiques vont émerger comme l’idée d’une extension de la sécurité sociale aux risques climatiques, de nouveaux modes de vie plus frugaux s’appuyant sur des « low-tech » ouvrent nos imaginaires. L’opposition entre les modèles va désormais s’intensifier à chaque bouffée de chaleur ; je recommande de se référer à la pensée émancipatrice d’André Gorz en préparation de la prochaine vague.