Deux ans depuis le début de l’invasion de l’Ukraine et le spectre d’un conflit sans fin et sans victoire face à la Russie de Vladimir Poutine, six mois de chaos humanitaire à Gaza en réplique à l’attaque terroriste du Hamas en Israël, des élections très incertaines pour la moitié de la population mondiale dans les prochains mois et le danger de plus en plus crédible d’un retour de Donald Trump au pouvoir, une tension sociale croissante dans les quartiers comme les campagnes… Les raisons de sourire et de se réjouir sont dures à trouver dans le récit médiatique. Avant même d’avoir parlé de l’urgence climatique.

L’idée de consacrer un de ces 3 points à l’humour m’est venue en lisant une série d’articles de M Le magazine du Monde surcelles et ceux qui continuent, « malgré tout », de nous divertir et de nous faire réfléchir par le rire. De manière prévisible, je suis plus sensible aux vannes politiques de Waly Dia que de Gaspard Proust. Avec Hélène, nous avons longtemps ri en écoutant la drôle d’humeur du belge Guillermo Guiz, même si, comme la suissesse Marina Rollman que j’apprécie tout autant, il s’est malheureusement fait plus rare sur les ondes. Toujours côté helvète, j’ai beaucoup regardé les sketchs de Thomas Wiesel, repéré il y a quelques années lorsqu’il commençait à dénoncer l’empreinte écologique et sociale des grandes entreprises suisses.

Sur ce créneau de l’humour vert, à l’heure où l’on se demande si l’on doit encore mettre le climat en débat, je saisis l’occasion de saluer la nouvelle série de spectacles « Y’a plus de saisons » proposée par Swann Périssé. Que de chemin parcouru depuis que j’ai connu Swann sur les bancs de Sciences Po. Elle était mon binôme en cours d’entrepreneuriat lorsque je voulais créer un Netflix de la presse ; en retour j’avais filmé ce qui doit être l’une de ses premières représentations, sur une pause déjeuner devant une poignée d’étudiants. Douze ans plus tard, elle a touché plus de 600 000 abonnés sur Youtube, fait un tour de France en caravane pour contribuer aux chantiers écologiques de ses abonnés, eu droit à un beau portrait dans Le Monde et trouvé ce nouveau format d’entretien décalé avec des figures de l’engagement écologique comme Jean-Marc Jancovici, Timothée Parrique, Camille Etienne, Cyril Dion ou Cécile Duflot. Le risque avec ce nouveau contenu – pas complètement évité au regard des audiences très inférieures à ses autres vidéos – est de ne pas parvenir à embarquer sa large audience. Le difficile dépassement des cercles déjà sensibilisés est justement le thème de l’échange avec Fatima Ouassak, qui est pour moi le meilleur épisode. Jetez-y un œil ; au-delà des bienfaits reconnus de l’humour sur la santé, c’est de l’énergie pour affronter l’hiver climatique et politique que Swann nous procure.