La tempête Ciaran qui a soufflé dans la nuit du 1er au 2 novembre était vraisemblablement la plus forte à avoir traversé la France depuis 1999. Ses vents les plus vigoureux ont dépassé les 200 km/h sur les côtes bretonnes et normandes, et furent à peine ralentis dans les terres. Comme beaucoup d’autres territoires, nous avons été coupés d’électricité au milieu de la nuit, mais les services d’Enedis ont été d’une efficacité remarquable puisque tout était rétabli dès le lendemain autour de 9h – pour nous, en tout cas.

Le passage de Ciaran a décalé et raccourci les vacances de la Toussaint que nous avions prévu de passer au plus mauvais endroit : au nord de la fin des terres, dans le pays des Abers. À notre arrivée sur les lieux deux jours après la tempête, les stigmates étaient encore très visibles, avec des voies secondaires coupées, de grands arbres abattus sur les bords des routes, quelques maisons dramatiquement sinistrées. Pour la petite histoire, les 3 points du mois dernier ont été les plus durs à terminer et envoyer dans les délais, à cause d’un réseau internet très faible et intermittent.

Nous avons hésité à tout annuler devant l’annonce de plusieurs jours de pluie. Après une rentrée chargée, nous avions besoin de ces quelques jours de dépaysement et nous avons bien fait de ne pas y renoncer complètement. Logés à Landéda, au-dessus du petit port de l’Aber Wrac’h – du nom celtique de ces vallées formant des estuaires envahis par la mer, nous avons pu circuler une journée complète entre les rafales et les gouttes.

Aux deux bornes de notre périple, le déchaînement des éléments était le plus impressionnant. À Lilia d’abord, où il nous était difficile de résister au vent suffisamment longtemps pour observer un bel arc-en-ciel se former au-dessus du phare de l’Île Vierge – le plus haut d’Europe du haut de ses 82,5 mètres. À la pointe Saint-Mathieu ensuite, où les records avaient été relevés trente-six heures avant notre passage et où d’entêtants vents frôlant les 100 km/h étaient encore enregistrés. Située à plus de 200 kilomètres de l’Ille-et-Vilaine, la pointe du Finistère porte bien son nom. C’est une toute autre Bretagne.