On dit qu’autour de 7 ans un enfant atteint l’âge de raison. Son environnement se complexifie et, en réponse, son développement s’accélère sur tous les plans – intellectuel, moteur et social. En ce mois de mai, Open Source Politics a aussi franchi ce jalon symbolique du premier septennat. Alors que nous sommes engagés dans une phase de transformation inédite, cet anniversaire s’est accompagné d’une soudaine et imprévue perte d’innocence. Les prémices étaient perceptibles depuis quelques mois ; il a fallu prendre les indicateurs chiffrés au sérieux. Nous l’avons fait, immédiatement et collectivement, pour réajuster en quelques semaines nos dépenses au niveau de nos recettes et assurer l’équilibre de nos prévisions.
Nous avons eu la chance de profiter de plusieurs années d’hypercroissance : notre chiffre d’affaires a presque décuplé depuis notre création, dont un quasi triplement spectaculaire entre les seules années 2019 et 2021. Malgré une flatteuse progression de 14 % affichée par notre bilan 2022, nous savons que nous ne pouvons pas indéfiniment tabler sur une croissance annuelle à deux chiffres dans un marché qui arrive progressivement à maturité et donne par conséquent, au moins en France, des signes de saturation. Ainsi, l’activité s’est-elle légèrement infléchie au cours des douze derniers mois, suffisamment pour faire dévier notre trajectoire indépendante et auto-financée. Nous avons notamment ressenti les effets du gel des démarches participatives publiques en période électorale sur le premier semestre 2022, puis ceux de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix de l’énergie qui ont conduit certains clients à renoncer à leurs projets au second semestre alors que nos coûts, notamment d’hébergement, subissaient une forte inflation.
Cela fait partie de la vie économique et nous ne sommes pas les seuls professionnels confrontés à des difficultés passagères depuis l’an dernier. La transparence est un pilier de notre démarche politique et entrepreneuriale – nous publions par exemple nos bilans chaque année, contrairement à la plupart de nos concurrents. Nous ne voyons par conséquent aucune raison de cacher que les dernières semaines ont été éprouvantes humainement, à mesure que nous passions en revue nos marges de manœuvre pour sélectionner les moins contraignantes pour l’équipe et les moins incapacitantes pour la structure. Parmi d’autres économies déjà mises en application, plusieurs départs volontaires interviendront dans les prochains mois, en cohérence avec des souhaits d’évolution personnelle et/ou professionnelle antérieurs mais qui sont accélérés par le contexte ; ils seront compensés en interne par les effets et efforts de la réorganisation en cours plutôt que par de nouveaux recrutements poste pour poste.
Le plus important est que nous avons de nombreuses raisons d’être optimistes pour l’avenir d’OSP et des logiciels libres de participation citoyenne. Les seules dernières semaines nous ont apporté de nouvelles confirmations : le CESE a lancé sa plateforme de pétitions citoyennes, complétant le triptyque des chambres parlementaires françaises ayant recours à Decidim ; l’engagement de la mairie de Barcelone en faveur du développement de Decidim a été renouvelé indépendamment du résultat encore incertain des élections locales espagnoles du 28 mai ; nous travaillons sur le lancement de nos prochaines plateformes qui permettront de mener, dès les prochaines semaines, la première concertation numérique à l’échelle de tous les quartiers populaires ciblés par la politique de la ville ou encore de prolonger, à partir de septembre, l’ambition participative de la Commission européenne. Soyez assuré·es que nous travaillons sur de nombreux projets, dont certains seront révélés à la rentrée. Le nouveau cycle qui s’ouvre tiendra autant du retour aux sources que de l’ouverture de nouvelles perspectives.