Si notre décision de quitter la capitale n’était pas directement liée au besoin d’échapper à sa circulation chaotique, ses transports bondés à certaines heures et ses espaces verts sur-fréquentés dès les premiers rayons de soleil, nous avons trouvé dans le gain en qualité de l’air un argument supplémentaire en faveur de notre départ. Je me souviens particulièrement de la cartographie de la pollution devant les écoles, qui atteint des niveaux critiques dans les grandes villes, et notamment dans de nombreux quartiers de Paris.

Paradoxalement, le fait de vivre dans une zone à l’air plus pur impose des changements d’habitat et de mode de transport qui accroissent considérablement notre empreinte. Tous nos déplacements se faisaient jusqu’ici à pied, à vélo ou en métro. Nous devons désormais utiliser deux voitures pour les trajets du quotidien qui nous conduisent régulièrement à plusieurs dizaines de kilomètres. Le paradoxe devenait une contradiction. Pour nous mouvoir, nous voulions par conséquent éviter autant que possible le recours à des moteurs thermiques.

Il n’est pas simple d’acquérir des véhicules neufs ou d’occasion en cette période de pénurie mondiale de semi-conducteurs et de hausse des carburants. Les alternatives à l’essence sont sensiblement plus onéreuses au départ, mais nettement plus rentables sur la durée – sans compter la subvention étatique non négligeable de 6 000 € pour l’achat ou la location d’une voiture électrique neuve. Même constat pour l’empreinte environnementale des batteries, dont la production entraîne pollution des sols et grande consommation des réserves d’eau : ce n’est qu’au-delà de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres que l’électrique présente un bilan positif face à un véhicule diesel ou essence. Conscients qu’il n’existe pas de solution réellement satisfaisante à ce jour, nous avons cherché le meilleur compromis. Nous avons donc opté pour la location d’une électrique pour la voiture principale et l’achat d’une hybride d’occasion pour la voiture secondaire.

La sortie des moteurs thermiques au profit des véhicules électriques a été longue à se dessiner en Europe, mais le mouvement semble désormais bien enclenché : plusieurs milliers de bornes de recharge sont installées chaque mois, le plan France 2030 vise une multiplication par six de la production au cours des huit prochaines années, Renault vient d’annoncer qu’il ne vendra plus que des électriques en 2030 et la Commission européenne fixe le même objectif pour 2035 à l’échelle du continent. D’ici-là, la filière émergente nous promet des gains d’autonomie et de décarbonation substantiels.