J’avais décrit au printemps dernier à quel point la Conférence sur l’avenir de l’Europe était un exercice d’une ampleur inédite. Débutée en septembre, la deuxième phase de la démarche le confirme : 4 panels de 200 citoyens tirés au sort dans toute l’Union européenne ont d’abord été réunis à Strasbourg en septembre-octobre, puis en ligne en novembre. Pour permettre plus de 100 heures de travail coordonné à distance en 24 langues, durant 28 plénières diffusées en direct et dans 60 sous-groupes qui ont auditionné 124 experts, il aura fallu mobiliser des dizaines de techniciens et de facilitateurs, ainsi que des centaines de traducteurs. Vu de l’extérieur, on sous-estime toute l’ingénierie et les moyens déployés pour faire progresser la démocratie européenne.
L’équipe d’Open Source Politics que je coordonne pour ce projet abat un travail considérable pour que la plateforme soit à la hauteur de l’énergie déployée dans les panels. Afin que les 800 panélistes répondent de manière sécurisée à une trentaine de questions personnelles dans leur langue, nous avons intégré, en une semaine à peine, plus de 33 000 configurations et champs de réponses. Chaque modification qui semble triviale sur un site unilingue devient une lourde tâche quand il faut couvrir le multilinguisme européen. Bien que sa base d’utilisateurs ne soit pas représentative de la population de l’Union, la plateforme a désormais dépassé les 4 000 événements enregistrés, les 25 000 idées et commentaires, et les 50 000 soutiens sur ces contributions.
Nous approchons de la troisième et cruciale étape des conclusions de cette Conférence. Si le virus le permet, les quatre panels se retrouveront dans les prochaines semaines pour leur dernière session, respectivement à Dublin, Florence, Varsovie et Maastricht. Ils se positionneront sur des orientations et des recommandations, qui seront ensuite présentées et enrichies lors de la Plénière au début du printemps. Il s’agit d’un organe hybride regroupant des parlementaires européens et nationaux de tous les groupes politiques, des représentants de chaque État-membre, ainsi que 80 ambassadeurs parmi les panélistes. Ce seront ensuite aux institutions de s’engager. Je suis bien d’accord avec vous : c’est dramatique qu’on en parle si peu en France.