Sur la désertique et hostile Arrakis, planète de sables perdue aux confins de l’Empire galactique d’un lointain futur, se récolte une denrée rare aux vertus prodigieuses : l’épice. Son exploitation impitoyable deux décennies durant a rendu le repoussant baron Harkonnen démeusurément riche. L’empereur Shaddam IV le relève de ses fonctions pour confier ce rôle au duc Leto Atréides de la planète Caladan, dont l’ascension l’inquiète. Un cadeau empoisonné dont rêve pourtant, dans des songes plus ou moins sanglants et prémonitoires, le jeune Paul Atréides. Le fils du duc pourrait bien être l’élu dont l’arrivée est prophétisée par l’ordre religieux manipulateur des Bene Gesserit dont est membre sa mère, dame Jessica. Le premier contact est rude avec les Fremen, le fier peuple autochtone qui se distingue par des yeux rendus bleus par l’épice et qui vit en communion avec les vers géants de plusieurs centaines de mètres de long qui modèlent le désert sur leur passage. Forcé par le dénouement tragique des jeux de pouvoir et guidé par ses visions, Paul rejoint le combat des opprimés afin d’entamer sa destinée messianique.
Inspiré du Moyen-Orient de Lawrence d’Arabie et des luttes contemporaines pour le contrôle du pétrole, le roman de Frank Herbert sorti en 1965 est le précurseur emblématique des livres-univers, ces récits où l’environnement visité est le premier protagoniste. J’ai lu Dune à l’adolescence et j’en ai gardé un souvenir d’éveil politique. Contrairement aux œuvres du genre qui attirent par l’exotisme de leurs races extraterrestres ou l’avancée de leurs technologies, Dune présente une réflexion sur la condition de l’humanité, la prédation des ressources, le danger corrupteur de la foi et du pouvoir placés au service de la peur qui, conformément à l’adage, tue l’esprit.
Alors que la saga a longtemps été considérée comme inadaptable après l’avortement du pharaonique projet d’Alejandro Jodorovsky dans les années 1970 et l’échec critique du film de David Lynch en 1984, ce nouvel essai était immensément attendu en raison des succès sur le fond et la forme de Premier Contact et Blade Runner 2049, les deux derniers longs métrages du réalisateur Denis Villeneuve. L’impatience s’était encore accrue avec le report d’un an causé par la pandémie. Le résultat, fort heureusement, nous comble. La galerie d’acteurs irréprochables, les paysages superbes, le soin accordé à chaque détail architectural, technologique ou vestimentaire, tout concourt à un résultat convaincant et, dans les meilleurs moments, réellement envoûtant.