Envoyés le 3 septembre 2016 pour leur première édition, les 3 points ont aujourd’hui cinq ans ! C’est un joyeux anniversaire, un jalon qui me rend assez fier. 180 points plus ou moins aboutis, sur des sujets que j’essaye de varier mais qui construisent une continuité. L’intuition initiale est devenue mon format. Un titre basé sur un modèle récurrent, trois ou quatre paragraphes travaillés dans un temps limité, le plus souvent une illustration pour compléter. Quelques branches tisées en parallèle, comme les Ti-bourgeons et leur fil rouge alternatif. Même lorsque je ne suis pas satisfait du fond ou de la forme, il faut que cela parte ! Je tâche alors de me rattraper le mois suivant. Faire plus serait physiquement difficile, faire moins serait assurément décevant.

Dans un monde numérique éphémère où l’image, la vidéo, la spontanéité priment, j’ai fait le choix inverse. J’ai progressivement déserté l’expression personnelle sur les réseaux sociaux pour concentrer mon temps sur un format anachronique et chronophage, mais qui me convient et soutient l’épreuve du temps. Je me demande parfois pour qui je les écris réellement ces 3 points qui occupent de précieuses soirées et nuisent à mon humeur jusqu’à l’envoi libérateur. Si ce n’était que pour moi, je ne réussirais probablement pas à m’astreindre à cette régularité. Si ce n’était que pour ses destinataires, j’aurais sans doute cherché à étendre davantage l’audience de cette lettre. J’apprécie qu’elle reste confidentielle, autour de 70 à 80 lecteurs réguliers. C’est peu et beaucoup à la fois ; assez pour recevoir vos réactions ponctuelles qui me font toujours plaisir et suffisamment pour peser les sujets sur lesquels je suis prêt à m’épancher. Après le premier envoi, je n’ai ajouté personne qui ne me l’ait pas d’abord demandé. Certains amis proches en ignorent toujours l’existence, alors que parmi vous figurent de plus lointaines connaissances.

Jusqu’à quand s’envoleront les 3 points de Valentin ? Il n’y a pas plus de plan établi aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Il m’arrive de ne pas avoir de sujet arrêté jusqu’à la veille de la date fatidique, mais je connais parfois dès les premiers jours du mois les thématiques que je souhaite développer dans la prochaine édition. À chaque fois, le passage à la plume reste une épreuve des derniers jours. À la relecture, l’évolution en cinq ans n’est pas négligeable ; pourtant, je crains régulièrement de tourner en boucle et d’excessivement me répéter. Je me heurte de plus en plus souvent à la limite des mots, au sentiment que la prise de recul épistolaire n’est peut-être in fine qu’un manque de courage, à l’inconfort qui précède le passage des paroles aux actes concrets, à l’heure où tant d’autres écrivent moins mais font plus sur leur terrain. C’est aussi pour garder ma propre trace de ces changements que je tiens à faire perdurer ce rendez-vous, je l’espère, durant de longs mois encore.