Après des mois de confinement plus ou moins serré, nous rêvons d’évasion. Jusqu’à la fin de ce mois de mars, le 104 propose opportunément de troquer nos masques contre des casques. Un dispositif de réalité virtuelle à la location propose une dizaine de films et expériences éclectiques en VR : la visite des villes chinoises qui ont copié des bâtiments de Paris, Londres et Venise, un spectacle équestre de Bartabas, une escapade en 3D sur la Lune et Mars…
L’expérience qui s’est révélée de loin la plus impressionnante, et qui justifie à elle seule d’enfiler le casque, est procurée par le film Everest VR. Établi à 8 849 mètres d’altitude, le point culminant de la planète est un objet de fascination que l’on observe de loin tant les conditions qui y règnent sont extrêmes – sans compter le permis unitaire à 11 000 dollars désormais requis pour entamer l’ascension.
Le terme de « réalité virtuelle » est trompeur ; ici on vit réellement l’ascension à 360° grâce à la technologie utilisée. On se retourne à chaque nouveau plan pour tenter de saisir l’immensité du décor. On pivote depuis le confort de notre canapé autour d’une échelle enjambant des crevasses de glace ou à l’intérieur d’une tente balayée par la tempête. On appréhende l’hostilité inhumaine d’un environnement somptueux mais indomptable.
Sur 14 000 tentatives d’ascension depuis un siècle, 4 000 ont abouti. Seules 175 personnes ont achevé une montée sans bouteille d’oxygène – davantage ont été envoyées dans l’espace ! – alors que plus de 200 personnes ont trouvé la mort. Il est dit dans les articles qui évoquent le nombre croissant de grimpeurs et les risques que cette surfréquentation comporte que les nombreux cadavres indiquent les voies les plus empruntées et les dangers omniprésents. C’est d’ailleurs en mémoire d’un ami décédé l’année précédente en tentant une double ascension sans oxygène de l’Everest et du Lhotse voisin que l’alpiniste Jon Griffith a filmé son ascension en 2018 avec le sherpa Tenji avec des caméras 3D en définition 8K. L’expérience ne dure que dix intenses minutes, mais elle vous marque pour longtemps une fois le casque retiré.