Wingspan est sorti en 2019, mais il a été rapidement et longtemps en rupture de stocks. Le jeu m’a été offert l’été dernier, mais nous y sommes revenus une nouvelle fois avec grand plaisir durant ces vacances hivernales. Comme je l’avais fait avec d’autres jeux en mars dernier, il est temps de vous le recommander si vous ne le connaissez pas déjà et que vous êtes à la recherche d’une belle expérience ludique pour débuter 2021.   Sous des abords complexes, Wingspan repose en réalité sur des mécaniques assez simples. Votre plateau de jeu se divise en trois habitats naturels – forêt, plaine et rivière – dans lesquels vous placez successivement les oiseaux que vous piochez, dans la limite des ressources disponibles. Classique. Chaque habitat correspond à une mécanique : récupérer de la nourriture, des œufs ou de nouvelles cartes. Plus vous installez d’oiseaux, plus vos trois environnements s’enrichissent et vous rapportent des ressources : telle espèce va pondre des œufs quand d’autres vous procureront des vers de terre, des baies ou des poissons. Après quatre manches de plusieurs tours, le vainqueur sera le joueur ayant accumulé le plus de points et de bonus.

L’attrait de Wingspan provient de son superbe matériel de jeu : un joli nichoir pour jeter les dés, des plateaux et jetons détaillés et surtout des cartes finement dessinées présentant les oiseaux avec exactitude scientifique et informations stratégiques pour la partie (envergure, alimentation, type de nid…). Lors de la sortie du jeu, le New York Times avait consacré un article à son auteure, Elizabeth Hargrave, universitaire américaine en sciences sociales passionnée d’ornithologie et de data-science citoyenne. Son travail de compilation et d’analyse des données caractéristiques de chaque espèce lui a permis de répertorier 170 espèces d’Amérique du Nord pour le jeu de base. Des extensions ont ajouté des oiseaux d’Europe et d’Océanie.

Une partie à deux joueurs dure environ une heure. Il est également possible de jouer seul ou jusqu’à cinq, mais l’attente peut se révéler longue à plusieurs car chaque joueur est plongé dans sa partie individuelle sans interaction forte avec les autres. Le jeu nous plonge dans un état d’apaisement quasi méditatif tout en requérant de jouer méthodiquement. Après une succession de parties, la meilleure stratégie pour une progression victorieuse des points et bonus consiste à développer de manière équilibrée les trois habitats sans privilégier exagérément les ressources de l’un sur les autres. Un rappel bienvenu des vertus de l’interdépendance.