Certains mois, il serait plus pratique que les 3 points tombent un jour plus tard. D’ici demain, nous saurons si le cauchemar des années Trump est derrière nous, si le furieux président a une seconde fois déjoué tous les pronostics ou si deux blocs irréconciliables revendiquent chacun la victoire.

Le souvenir de novembre 2016 est encore vif : s’endormir avec une victoire promise à Hillary Clinton et se réveiller dans la confusion de l’élection improbable de Donald Trump. Les États-Unis, et par extension le monde entier, ont connu quatre années de trouble et de violence, dans les paroles comme dans les actes, après l’apaisement en trompe-l’œil des deux mandats de Barack Obama. Il n’est pas nécessaire ici de rappeler dans le détail les dégâts causés par cette administration républicaine, raciste et rétrograde.

Ce qui m’intéresse bien davantage, c’est le puissant élan qui s’est réveillé en réponse aux quatre coins de l’Amérique et qui pourrait apporter les voix décisives à Joe Biden, présidentiable âgé et contraint à une campagne à distance. Tout le monde n’a d’yeux que pour Alexandria Ocasio-Cortez, aka @AOC, la plus jeune parlementaire de l’histoire américaine qui crève tous les écrans avec plus de maîtrise et de spontanéité qu’aucune autre personnalité politique. La bonne nouvelle, c’est qu’elle n’est pas seule. Mathieu Magnaudeix, correspondant de Mediapart aux États-Unis, est parti à la rencontre de dizaines de figures historiques et de jeunes pousses qui incarnent un militantisme multi-facettes et tout-terrain. Ils – et bien souvent elles – forment une nouvelle génération d’activistes impressionnants de courage et d’efficacité. Leurs faits d’armes : bloquer des aéroports en réaction au Muslim Ban dès l’investiture de Trump, lancer et amplifier le message Black Lives Matter, planter le germe du Green New Deal, marcher contre les armes à feu, défendre les victimes de toutes les discriminations à l’intersection de la classe, de la race et du genre et façonner les candidat-es de la justice sociale.

L’enquête journalistique est partiale, mais les parcours des militants, le plus souvent inconnus en France, qu’elle met à l’honneur nous vaccinent contre le renoncement et irriguent notre imagination. L’environnement politique hexagonal n’est pas loin d’atteindre les mêmes abysses tant l’air médiatique que nous respirons est devenu nauséabond. Alors que la course aux excès est lancée et que les alternatives crédibles tardent à se manifester, nous avons assurément des leçons de confiance et d’organisation politique à retenir de ce qu’il se passe Outre-Atlantique. La première et plus fondamentale est peut-être tout simplement d’y croire. Dans un système électoral américain ploutocratique qui repose sur l’investissement sans limite des plus riches, « The power of people is stronger than the people in power » rappelait il y a quelques jours Ayanna Pressley, l’une des quatre membres fondatrices de la Squad d’AOC au Congrès américain. Verdict dans quelques heures !