La cartographie des 50 nuances de gauche est en train de se clarifier autour du trio Mélenchon-Hamon-Macron. En toute franchise, je suis incapable d’arrêter mon choix. J’essaye de m’y retrouver dans la configuration politique actuelle, que j’ai pourtant longtemps désirée… mais je la trouve finalement très insatisfaisante !

L’histoire des gauches depuis la Révolution française est sans doute jalonnée de ces mouvements de balanciers entre l’idéalisme et le réalisme, entre l’adaptation aux contradictions du pouvoir pour lancer de grands chantiers — je l’ai vu à Aubervilliers — et le radicalisme sur lequel se fondent les prochaines révolutions — ou plus sûrement les profondes transitions ? Autrement dit, le dilemme du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe du 29 mai 2005 reste la matrice essentielle de la donne politique à gauche en 2017 : faut-il tenter d’améliorer le système de l’intérieur ou l’attaquer du dehors pour le remplacer ? Deux rapports différents au Politique pour deux sensibilités du PS que François Hollande a maintenu ensemble pour gagner une série d’élections et fait éclater au palais de l’Elysée quand il fallût gouverner.

Il y a cinq ans, après l’expérience d’un congrès du MJS cadenassé par les partisans de Benoît Hamon, il était clair pour moi qu’il fallait se séparer de cette gauche du « Non », de l’incantation et de la manipulation, pour construire sur de nouvelles bases un parti progressiste résolument européen. Son émergence a pris cinq ans de plus et n’est pas venue de l’intérieur, mais ce parti existe aujourd’hui : En Marche ! Plusieurs amis qui partageaient le constat du congrès MJS de 2011 ont franchi le pas et occupent des postes à responsabilité dans la campagne d’Emmanuel Macron. Ils y trouvent ce que j’attendais à l’époque. Seulement voilà, entre temps, la perspective d’un monde sans cesse plus instable et plus inégalitaire s’est imposée. Chaque fois que nous célébrons les métropoles qui réussissent, nous creusons le fossé avec les habitants des périphéries qui s’appauvrissent. L’épisode Trump est si vite arrivé…

Pour ma part, j’ai déjà pris ma claque en 2014 quand j’ai compris que si une (vraie) révolution devait avoir lieu en France et en Europe, ce que j’incarnais pouvait légitimement lui servir de cible. Depuis, je tente de marcher dans le sens de la transition écologique et démocratique. Je sais qu’il nous faudra du temps, de la résilience, de l’humilité et quelques nouvelles idées. A ma grande surprise, j’en retrouve certaines dans les propositions de Benoît Hamon, pour qui j’ai fini par voter aux deux tours de la primaire. Complètement improbable il y a cinq ans et sans valeur d’approbation générale du personnage et de son programme, mais il s’agissait avant tout de récompenser le seul qui a pris un peu de recul pour faire évoluer sa réflexion.

Résultat ? Benoît Hamon me convainc plus avec ses nouvelles propositions qu’avec le retour de ses vieilles pratiques. Emmanuel Macron me séduit plus par les méthodes qu’il déploie que par le projet qu’il avance. Voilà, je ne suis pas plus avancé sur mon choix. Dites, a-t-on forcément besoin d’un chef ?