De ce côté-ci de l’Atlantique, l’Europe se cherche également des exemples politiques positifs. Une figure, déjà bien connue des fédéralistes européens, a émergé dans le débat public et sur les réseaux sociaux durant ces dernières semaines : Paul Magnette. Dans un discours partagé par plus de 20 000 personnes et affiché un million de fois sur Facebook, le Ministre-Président de la Wallonie a créé un rapport de force inédit en opposant son veto à la signature de l’accord de libre-échange CETA entre l’Union européenne et le Canada.

L’accord sera finalement signé après une semaine de négociations tendues, que Paul Magnette commentera avec amertume : “Dommage que les pressions de l’UE sur ceux qui bloquent la lutte contre la fraude fiscale ne soient pas aussi intenses.” Après avoir fait craquer Alexis Tsipras malgré le référendum grec en 2015, est-ce là une nouvelle preuve d’autorité du rouleau compresseur bruxellois ? Non, bien au contraire, comme l’analyse Jean Quatremer. L’accord signé doit encore être discuté puis ratifié par le Parlement européen et par une quarantaine de parlements nationaux et régionaux avant d’entrer en vigueur. Les Wallons ont déjà annoncé qu’ils ne ratifieraient pas le texte sans modifications, notamment sur l’arbitrage d’un tribunal privé ou sur la garantie des normes sociales et environnementales.

Dès la fin des négociations, Paul Magnette s’est exprimé face caméra sur ses réseaux sociaux pour expliquer les avancées qu’il a obtenues, puis il a donné accès aux synthèses des débats du Conseil de l’Union européenne. Cette démarche a fixé un nouveau seuil de transparence qui devra désormais s’imposer à toutes les futures négociations internationales — et notamment au TAFTA sur lequel Matthias Fekl a déjà pris des positions similaires.

Si nous voulons sauver l’Europe, une refondation démocratique doit s’opérer.