Parce qu’il y a plus de distance entre la Bretagne et la Côte d’Azur qu’entre Paris et Prague, parce que les journées de novembre sont courtes et la patience d’un enfant n’est pas illimitée, nous avons coupé la route vers Cannes en trois étapes dans chaque sens. L’occasion de revoir des amis et de découvrir de nouveaux paysages, donnant un relief de grandes vacances à ce road-trip de 2 500 kms franchissant une petite vingtaine de départements.
Il ne nous était jamais arrivé de prendre des congés de manière aussi décalée dans l’année. Il fut plus dur de trouver gîte ou couvert à certains endroits, mais ce calendrier nous a offert le privilège de visiter des sites désertés. Avec les températures anormales dont nous faisons l’expérience – il faisait jusqu’à 20°C à Cannes mi-novembre – une coupure automnale permet désormais d’envisager de nouvelles explorations dans nos régions.
Après Orléans et la traversée par le nord du Massif Central, nous avons fait escale à Hauterives, dans la Drôme. Ce village est célèbre pour la curiosité qu’il abrite : un palais pittoresque de 12 mètres de haut et 26 de long composé notamment de pierres, de chaux et de coquillages. L’assemblage de différents styles architecturaux et de plusieurs inspirations mythologiques et religieuses est le fruit de l’imagination et du labeur d’un seul homme. Le facteur Ferdinand Cheval, qui parcourait la campagne à pied pour livrer son courrier et ramasser les pierres nécessaires à son chantier, s’inspira des monuments de lointaines contrées représentés sur les premières cartes postales pour bâtir, inlassablement durant 33 ans (1879-1912), l’incroyable palais dédié à sa fille.
Sur le trajet retour, nous avons bifurqué de l’autre côté de Montélimar et franchi le Rhône pour nous enfoncer sur les magnifiques routes ardéchoises. Notre objectif était Balazuc, village médiéval aux ruelles sinueuses et voûtées, renommé parmi les céramistes et les grimpeurs. Rocher fortifié depuis l’époque gauloise, le site capturé dans ses couleurs d’automne est grandiose. Il nous restait encore à remonter jusqu’à Bourges, dont le centre historique connaît actuellement d’importants travaux, avant de regagner le grand ouest avec l’impression d’avoir voyagé plusieurs semaines.