La vie d’entertainment et d’engagement de Joséphine Baker, panthéonisée fin novembre 2021, a fait l’objet de nombreuses rétrospectives. L’une des plus riches est sans doute la bande dessinée de Catel Muller et José-Louis Bocquet publiée en 2016 que j’ai eu l’occasion de lire durant la trêve de fin d’année.
Quelle vie ! Née en 1906 dans un quartier pauvre de Saint-Louis, Missouri, déjà mariée à deux reprises à seulement 15 ans, douée depuis le plus jeune âge pour la danse, les grimaces et la comédie, elle perce rapidement jusqu’à Broadway. Au fil des pages, son ascension se dessine avec fulgurance, de rencontres célèbres en représentations devant des audiences immédiatement conquises. Arrivée à 20 ans dans le Paris qu’elle aimera autant que son pays, elle enchaîne les revues et projets, séduit les plus grands stylistes, cinéastes, architectes et romanciers contemporains, triomphe sur toutes les scènes d’Europe et bientôt du monde avec insouciance et liberté.
En parallèle et en chaque occasion, elle mit sans hésiter sa notoriété au service des combats essentiels et avant-gardistes de son temps. Elle chanta pour les soldats avant de s’engager activement dans la Résistance en France puis en Afrique du Nord durant la Seconde Guerre mondiale. Elle milita pour les droits civiques des Afro-Américains et partagea la tribune du rêve de Martin Luther King. Depuis le château des Milandes qu’elle occupait en Dordogne, elle éleva sa tribu arc-en-ciel, une famille de 12 enfants adoptés originaires des quatre coins du monde. Elle vécut pleinement jusqu’au dernier souffle. Cet album volumineux et richement documenté rend parfaitement hommage à l’existence hors du commun de la première vedette internationale noire.