Il y a dix ans, il n’y avait pas de plateforme participative pan-européenne multilingue lancée par les institutions européennes. Pas non plus de pandémie. Sentant que la crise grecque questionnait les fondements de la solidarité européenne et menaçait la survie de notre cadre commun de souveraineté, je m’étais lancé dans un défi fou au terme de mes études : partir à la rencontre de 100 jeunes résidant dans toutes les capitales européennes pour leur permettre de raconter leur expérience personnelle du rêve européen et leur donner la parole sur notre modèle, certes imparfait mais bien réel et distinct du mythique American dream, du monde russe ou du questionnable rêve chinois.
Des dizaines de rencontres, des centaines d’anecdotes et des milliers de kilomètres en Interrail. Des jours à marcher à Athènes, Lisbonne, Sofia ou Tallinn. Des nuits à récupérer sur de généreux canapés à Budapest, Copenhague, Madrid ou Nicosie. Le rêve d’un printemps européen insouciant et ensoleillé, qui me semble aujourd’hui à peine croyable et qui pourtant reste peuplé de souvenirs inoubliables. De ce projet est né un film, dont le caractère prémonitoire me marque encore. C’était avant l’essor de Youtube, avant le départ des Britanniques, avant l’urgence écologique. Le besoin de justice migratoire, fiscale et sociale était en revanche déjà là.
C’était mon rêve européen, et je souhaitais que d’autres puissent le poursuivre. Dix ans plus tard – quasiment jour pour jour ! – j’ai consacré le maximum d’énergie pour que la Conférence sur l’avenir de l’Europe démarre positivement et que des milliers de concitoyens y échangent pour la première fois leurs rêves européens. Ma boucle est bouclée.