Hommage à la vie engagée de responsables associatifs dévoués corps et âmes à la prise en charge de jeunes autistes, Hors normes (2019) avec Vincent Cassel en tête d’affiche est à mes yeux l’un des plus beaux films de la dernière décennie. Derrière la caméra, l’inséparable duo composé d’Éric Toledano et Olivier Nakache semble exceller dans tous les styles grâce à un dosage équilibré d’humour et d’humanité (Nos jours heureux, Intouchables et ses vingt millions d’entrées en 2011, Le Sens de la fête). Portée par des acteurs brillants, leur nouvelle série touche juste une fois de plus. Avec plus de 40 millions d’épisodes visionnés en deux mois sur le site d’Arte, En thérapie est déjà le plus grand succès d’audience de l’histoire de la chaîne.
Les 35 épisodes retracent les sept semaines qui ont suivi les attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris. Lui même en état de choc et en proie à la décomposition de sa cellule familiale, le docteur Philippe Dayan (Frédéric Pierrot) reçoit cinq patients dans le huis-clos de son cabinet de psychanalyse. Le lundi, c’est Ariane (Mélanie Thierry) la chirurgienne trentenaire qui était de garde le soir des attentats et lui déclare sa flamme. Le mardi, c’est Adel Chibane (Reda Kateb) le policier de la BRI dont l’entrée dans le Bataclan a réveillé une violence enfouie sous le secret familial. Le mercredi, c’est Camille (Céleste Brunnquell) l’adolescente en conflit avec sa mère qui représente un espoir olympique en natation, mais doit se remettre d’un accident de vélo dont l’origine n’est pas anodine. Le jeudi, c’est Léonora et Damien (Clémence Poésy et Pio Marmai) qui forment un couple dysfonctionnel dont les crises atteignent leur paroxysme alors qu’ils attendent un deuxième enfant. Le vendredi, le Dr. Dayan consulte Esther (Carole Bouquet), sa contrôleuse avec qui il a repris contact dans le but de régler ses comptes.
Si le confinement du printemps 2020 a pu être vécu positivement comme une curieuse expérience, l’année de restrictions que nous avons subie ensuite aura attaqué nos résistances mentales. En parallèle de la gestion de notre fatigue de nouveaux parents après huit mois de nuit incomplètes, l’attention qu’il me faut porter à l’équilibre psychique d’une équipe professionnelle désormais composée de plus de vingt personnes me rappelle chaque semaine que l’épuisement collectif est proche. Et encore faut-il prendre du recul par rapport à la situation de millions de personnes plus fragiles confrontées à des problèmes de santé ou de précarité financière autrement plus dramatiques. Je n’ai jamais approché le milieu des « psys » en dehors de la présence affectueuse depuis l’enfance d’une amie de famille pyschiatre. Aussi ai-je trouvé dans En thérapie une pause pédagogique et une empathie réconfortante, qui aident à naviguer dans ce contexte de traumatisme lent qui nous pousse tous à bout, voire pour les plus malheureux d’entre nous au-delà de l’irréparable.