Le 15 janvier, l’encyclopédie libre Wikipédia célébrait ses 20 ans. C’est à la fois beaucoup à l’échelle de l’histoire du web et très peu au regard des connaissances amassées par des centaines de milliers de contributeurs bénévoles. Avec plus de 2,2 millions de pages en français et près de trois fois plus en anglais, Wikipédia est le 4e site le plus consulté en France, le 8e dans le monde et le seul mastodonte non lucratif de ces palmarès. Plusieurs articles et émissions ont profité de l’anniversaire pour revenir sur cette aventure fantastique et donner la parole à celles et ceux qui relèvent le défi de gérer ce commun de référence au quotidien.
Le succès de Wikipédia n’était pas garanti il y a deux décennies. Pendant des années, le concept de contribution libre par tout un chacun disqualifiait le contenu aux yeux des sachants. Pas question d’avouer une recherche Wikipédia dans les sources d’un devoir étudiant des années 2000 ! Les fondateurs avaient peut-être eux-mêmes des doutes sur la fiabilité de leur projet : un an avant de découvrir la technologie d’édition collaborative wiki, Jimmy Wales et Larry Sanger avaient créé Nupedia, une vraie encyclopédie supervisée par un comité scientifique. Elle s’éteindra trois ans plus tard avec seulement une vingtaine d’articles complets contre – déjà – des dizaines de milliers pour Wikipédia.
La folle idée est parvenue à se structurer jusqu’à devenir l’une des sources d’information les plus objectives à l’heure où prolifèrent les contenus biaisés, sponsorisés et parfois volontairement erronés. Wikipédia incarne le commun par définition : une ressource (l’infinité des connaissances humaines vulgarisées de manière neutre) dont la prospérité est gérée par une communauté (composée de quelques centaines de milliers de contributeurs et de milliards de lecteurs) grâce à une gouvernance transparente (les informations doivent être sourcées, les modifications sont surveillées, les différents sont débattus). Pour assurer la véracité et la neutralité des connaissances, l’édition des pages sensibles est désormais restreinte à un noyau de Wikipédiens confirmés. L’acquisition progressive des droits semble être un compromis acceptable avec la promesse initiale.
Il reste des points d’amélioration – la parité par exemple, car 90 % des contributeurs sont des hommes – mais plus personne ne conteste la valeur de Wikipédia. Comme tout commun, il faut en prendre soin pour qu’il continue d’évoluer dans le bon sens. Je n’ai moi-même jamais contribué par écrit, mais j’ai enfin franchi le pas du soutien actif en programmant un petit don mensuel pour que vive l’un des derniers coins d’utopie sur les internets.