J’aimerais consacrer ces lignes à autre chose, mais je ne trouve pas quoi écrire pour justifier de passer sous silence les événements qui ont contaminé nos corps et nos esprits depuis plusieurs semaines.
Je pourrais vous parler de la consultation que nous avons accompagnée sur les outils et défis du numérique au sein de l’Éducation nationale – la première consultation ministérielle d’OSP en France, très intéressante sur le fond après un premier confinement scolaire souvent traumatisant – mais l’horrible attentat de Conflans-Sainte-Honorine qui a ôté la vie à l’enseignant Samuel Paty a dramatiquement relégué ces enjeux au fond de la classe.
Je souhaiterais vous raconter la joie d’avoir présenté Ulysse à quelques amis chanceux d’être passés entre les gouttes des deux premières vagues de Covid-19 ou celle, tout aussi sincère, d’avoir retrouvé début octobre mes collègues dans de nouveaux locaux – les premiers bureaux autonomes d’OSP – mais nous voilà déjà reconfinés pour une durée indéterminée.
Le plus déstabilisant pour moi, c’est d’aller personnellement très bien alors que la société se craquèle tout autour. En faisant passer des entretiens d’embauches, j’ai été marqué par la rencontre de jeunes candidats qui vivent leur vingtaine en grande précarité. Combien de nos connaissances glissent sous nos yeux impuissants sur la pente de l’isolement, puis rebondissent sur celle du ressentiment ? Le coronavirus comme le terrorisme s’attaquent à nos corps et anticorps sociaux. Nous mesurons encore mal le poids psychique durable de tout ce à quoi nous sommes contraints de renoncer au cours de cette année incomparable.
Je crois que ce n’est pas dans mon tempérament d’abandonner longtemps mon optimisme. A défaut d’un remède, je tente une idée : comme pendant le premier confinement où je m’étais attelé au jeu du questionnaire sur les gestes barrières, je propose une autre consigne. Essayons d’imaginer une découverte, un événement, une initiative capable de nous surprendre, de nous sortir de la torpeur et surtout d’avoir un effet viral tout aussi contagieux sur la société, mais cette fois-ci en positif ! Voilà de quoi occuper un peu de temps d’ici la prochaine édition des 3 points.