Les 500 individus les plus riches du monde cumulent désormais une fortune privée de plus de dix trillions de dollars, c’est-à-dire 10 000 milliards. Plus d’un tiers de cet argent serait hérité. Ces super-riches, qui sont aussi les plus gros pollueurs, disposent de tant de liquidités qu’ils peuvent tout acheter, financer tous leurs projets entrepreneuriaux ou extravagants et, pour certains, se placer au-dessus des lois.

Marlene Engelhorn a fait un autre choix. Cette Autrichienne de 32 ans est une arrière-petite-fille du fondateur de l’entreprise BASF, géant de l’agrochimie. Je me souviens du portrait qu’en avait fait Le Monde à la publication de son appel à être très fortement taxée sur cet argent qu’elle estimait ne pas mériter.

Depuis elle a fait encore mieux, comme me l’a appris mi-janvier une publication de l’expert des budgets participatifs Antoine Bézard : en 2024, Marlene Engelhorn a créé le Guter Rat, le « bon conseil », une assemblée citoyenne de cinquante membres tirés au sort à qui elle a confié la responsabilité de décider comment redistribuer l’essentiel de sa fortune de 25 millions d’euros.

Cette délibération étalée sur six week-ends a conduit à la sélection de 77 initiatives qui luttent contre la pauvreté aggravée par les problèmes de santé et promeuvent le logement, l’intégration des migrants et des réfugiés, l’éducation, la démocratie, la préservation de la nature et la protection du climat, conformément à un désir global de rendre la société plus juste.

Contraste saisissant avec l’hubris d’Elon Musk et ses amis broligarques.

Marlene Engelhorn lors de la présentation du Guter Rat en 2024 (source : APA/Rolan Schlager)