Une personne qui ne vous connaît pas ne peut deviner que vous êtes frères. Ulysse a le cheveu raide et la peau mate quand Sirius a le teint pale sous ses boucles d’or. Quel étonnement pour nous tous de voir à quel point la loterie génétique, en croisant les caractères familiaux, vous a distingués.

Les apprentissages ne sont pas une répétition, mais l’exploration d’un autre passage. L’expérience des pas hésitants et des mots balbutiants étant un ravissement différent chez chaque enfant, il me faut réfréner le réflexe de trop chercher à vous comparer. Chacun dans son style paraît épanoui.

Y décelons-nous déjà l’impression du temps de l’enfance qui s’accélère ? Ulysse, j’apprécie tant le moment de t’accompagner le matin à l’école, mais te voilà si vite franchir une première année scolaire. Ta maîtresse Sophie nous dit que tu t’illustres quand il faut jouer. Avec Alexandre, Maëline, Brieuc, Céleste, Nina ou Clément, qu’il est doux de vous regarder vous amuser.

Soigneux et attentionné, il t’arrive aussi, sage Sirius, de donner de la voix et te raidir pour te défendre ou protester. Affirmant ton propre caractère, tu t’occupes calmement en solitaire. Puis, quand il t’est permis de suivre ton frère sur les grands manèges et les terrains de baby-rugby, tu sais te montrer hardi.

Souvent entre vous deux les coups pleuvent et les cris montent, mais n’est-ce pas le lot de toute fratrie ? Éloignés de deux ans à peine, vous gardez une affectueuse proximité qui nous attendrit. Vous aimez surtout partager vos histoires et chaque livre qui présente des engins de chantier ou des animaux à protéger mérite d’être maintes et maintes fois relu.

Exigeante est la vie de parents, mais jour après jour vous nous donnez l’essentielle opportunité de nous émerveiller. Il ne s’agit pas d’un repli sur nous-mêmes. Vous nous procurez bien au contraire un contrepoids pour équilibrer notre rapport à la dureté du monde. Vous nous apportez une recharge de courage. Il nous en faudra, car bientôt vous serez trois !