On se lève un matin avec les yeux embués et patatras ! on s’assoit sur ses lunettes vieilles de cinq ans. Les branches métalliques sont irrémédiablement brisées. Embêtant lorsque l’on est myope. On scrolle passivement sur son téléphone et paf ! le smartphone se bloque sans raison. Arrêt cardiaque après presque sept ans de loyaux services, l’écran se fige et la mémoire s’évanouit dans les limbes. Peu pratique, lorsque son travail dépend de multiples connexions sécurisées à deux facteurs devenues inopérantes. Quelques jours de montures en plastique et de détox numérique ne font pas de mal, mais se passer subitement de tels outils demeure inconfortable.
L’heure des remplacements me permet de faire des choix que j’espère plus durables. Pour les lunettes, j’ai adopté une monture en bois de la manufacture vosgienne In’Bô, dont l’histoire et les techniques sont à découvrir. Pour le téléphone intelligent, je saisis l’occasion de tester le Fairphone, désormais réparable avec des pièces changeables et produites le plus éthiquement possible. La lutte contre l’obsolescence programmée progresse dans les textes, mais doit se propager dans les têtes.
Lors des Rencontres européennes de la participation à Toulouse, je viens de prendre part à un atelier « 2 tonnes ». J’ai trouvé les outils plus intéressants que la Fresque du Climat, qui correspond davantage à un premier niveau de sensibilisation. Tout commence par une autoévaluation rapide de son empreinte carbone individuelle. La mienne devrait être comprise entre six et sept tonnes, en raison du mode de vie rural plus émetteur. Il me faudrait diviser ce chiffre par trois, ce qui paraît d’autant plus difficile que l’on débute l’exercice avec près d’une tonne et demi au compteur au titre de toutes les infrastructures et services que nous utilisons collectivement. Nous sommes d’accord que les actions individuelles ne suffiront pas, mais nous ne sommes pas dispensés de les faire. Cela commence par mieux choisir ce que nous consommons.