L’année olympique débute, et avec elle une série de commentaires sportifs. J’aurais beaucoup à dire sur ma fascination enfantine pour les Jeux, mes grands souvenirs de ceux de Pékin il y a quinze ans et la remise en question progressive du modèle de ces événements aux coûts démesurés – ce sera pour un autre mois. Pour l’heure, l’attention est tournée vers l’autre grande compétition sportive que la France accueille cette année : la coupe du monde de rugby. Si nous espérons toutes et tous voir les Bleus poursuivre sur leur lancée initiée par le beau succès contre les légendaires All Blacks, je dois reconnaître n’avoir jamais été très attiré par le ballon ovale. Les grands débordements sont magnifiques, mais les règles ne me paraissent pas toujours lisibles et la pratique me semble bien trop brutale.
À Paimpont en revanche, le rugby est à l’honneur. Sans doute y a-t-il un lien de filiation celtique derrière l’engouement pour le XV de Brocéliande, qui rassemble les piliers et les ailiers des alentours dans une équipe qui brille jusqu’à l’échelle régionale ? De cette popularité découle une rivalité tenace avec l’USPC, le club de football local dont je fais partie. Je m’amuse de cette querelle de clochers, mais le choix de forcer l’équipe de foot, déjà moins bien lotie en équipements, à sacrifier son terrain pour que le village accueille une improbable et très inégale rencontre du mondial de rugby militaire entre l’Irlande et l’Ouzbékistan fin août a entraîné de sérieuses répercussions politiques, allant jusqu’à des démissions au conseil municipal.
Me voilà désormais écartelé entre le maillot rouge et blanc des footballeurs et la tunique bleue des rugbymen depuis que j’accompagne Ulysse au baby-rugby le samedi matin. C’est la première activité sportive qu’il peut pratiquer localement, dès trois ans. Âge oblige, nous sommes loin des plaquages et mêlées des aînés : il s’agit avant tout d’un enchaînement d’exercices de mobilité, de passes et de petits jeux avec un ballon ovale, qui se transforme en œuf à protéger ou en trésor à déplacer. Après l’effort, le réconfort. C’est encore une fois sur la convivialité que le rugby marque des points : notre jeune champion est heureux de courir, mais serait-il aussi motivé s’il n’y avait pas la traditionnelle troisième mi-temps, à base de quatre-quart et de grenadine ?