Les échecs sont une excellente activité pour les enfants, en témoigne le joli podcast de France Bleu Roussillon narrant les exploits des élèves d’une école d’un quartier défavorisé de Perpignan qui ont atteint les sommets du championnat de France scolaire. J’ai moi aussi eu la chance de suivre quelques cours d’échecs en entrant à l’école élémentaire et n’ai jamais perdu les bases et l’intérêt même si j’ai peu joué ensuite. J’allais avoir 10 ans lors de l’affrontement de légende entre le champion du monde Garry Kasparov et le supercalculateur Deep Blue au printemps 1997. Je ne pouvais pas suivre toute l’intrigue à l’époque – nous n’avions pas encore Internet – mais je me souviens de l’événement et je connaissais le grand maître Kasparov, car mon jeu d’échecs portait son nom.
Près de trois décennies plus tard, une série d’Arte, à visionner d’ici le 23 novembre, nous raconte les détails du « rematch » organisé par le géant informatique IBM à New York après une première défaite de sa machine un an plus tôt. Une part conséquente de fiction a sans doute été ajoutée par les scénaristes, qui n’ont pas pu interroger Kasparov en personne et ont préféré renommer les membres de l’équipe IBM. La série réussit toutefois à instaurer une tension dramatique croissante tout au long des six manches de ce défi historique qui a vu la puissance de calcul de « la machine », certes programmée par des dizaines de brillants développeurs et champions d’échecs, finalement l’emporter en faisant déjouer le plus grand joueur humain de l’histoire.
Même si la ressemblance physique n’est pas très fidèle au champion russe d’origine arménienne, l’acteur Christian Cooke réalise une belle performance qui renforce l’empathie naturelle du spectateur pour Kasparov face aux multiples coups bas d’IBM. À de nombreuses reprises, la géniale capacité d’abstraction, de mémoire et d’anticipation de Kasparov semble surpasser la puissance de calcul faramineuse de Deep Blue. Le champion fut en revanche déstabilisé par des coups apparemment non optimaux, provenant de bugs et d’ajustements informatiques entre les parties – comme l’ajout d’une lenteur inhabituelle de la machine pour déconcentrer son adversaire – ou, comme Kasparov l’a suspecté à l’époque, qu’ils aient correspondu à des interventions humaines en direct. IBM souhaitant remporter sa revanche à tout prix, le rematch fut organisé sur des bases inégales : alors que la machine avait pu être entraînée grâce à l’analyse de tous les matchs de la carrière de Kasparov, IBM a toujours refusé de livrer à son rival la moindre donnée sur le code source et les parties jouées par la machine. Deep Blue sera démantelée avec ses secrets dès la fin de la compétition.
Il faut à mon tour que je m’entraîne si je ne veux pas être trop vite dépassé : les garçons auront bientôt l’âge de débuter leur apprentissage des échecs…