Les images de la région de Valence inondée par des torrents de boue et ravagée par les effets du changement climatique sont venues s’ajouter à celles, aussi terrifiantes, de la guerre qui traîne depuis plus de deux ans et demi en Ukraine et de la destruction méthodique de chaque mur et de chaque vie dans la bande de Gaza par l’armée israélienne qui, un an après l’attentat terroriste perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, a également étendu ses frappes sur le Liban pour affaiblir le Hezbollah. Notre rapport au monde est façonné par les images, ceux qui les prennent, les diffusent et les commentent.
Depuis vingt ans, le festival de photographie du village de La Gacilly dans le Morbihan met à l’honneur le pouvoir évocateur et mobilisateur de ces images. Derrière cette initiative, le nom d’Yves Rocher est omniprésent. Enfant du village, dont il fut maire durant près d’un demi-siècle en parallèle de l’essor de sa célèbre entreprise locale de cosmétique botanique, il avait ainsi trouvé un levier touristique pour faire rayonner La Gacilly. C’est un succès : de fin juin à début novembre, plus de 300 000 spectateurs viennent contempler des milliers de clichés répartis en une vingtaine d’expositions gratuites. Nous avons profité d’une des premières sorties d’Hazel en plein air pour découvrir ce cadre.
L’Australie était le thème principal de l’année. Les images les plus marquantes à mes yeux étaient celles du reportage de l’AFP sur les discriminations dont sont toujours victimes les Aborigènes, ainsi que les célèbres photos de Matthew Abbott prises durant le « Black Summer » australien, qui lui ont valu le prix de photographe de l’année du World Press Photo. Entre juin 2019 et mai 2020, les pires incendies de brousse ont consumé 24,3 millions d’hectares – près de la moitié de la France métropolitaine – et tué trois milliards de vertébrés terrestres – dont 34 humains.
D’autres parcours nous faisaient contempler les incroyables cyclones capturés en noir et blanc par Mitch Dobrowner, la vie reculée et menacée par un volcan de la lointaine Nouvelle-Bretagne en Papouasie-Nouvelle-Guinée derrière l’objectif d’Ulla Lohmann, ou encore l’enquête édifiante « Feed the Planet » de George Steinmetz qui illustre les ravages des modèles d’agriculture, d’élevage, de pêche et de transformation intensifs qui sont déployés à travers le monde pour nourrir chaque jour huit milliards d’humains et leurs excès.