Tant attendue depuis que le projet d’y passer une semaine s’est confirmé, la première de nos destinations était Verbier. Celui ou celle qui découvre ce nom aujourd’hui verra un décalage flagrant entre le mode de vie auquel j’aspire dans ces lignes et le luxe qui s’affiche dans cette iconique vallée de Suisse romande. Imaginez que l’immobilier est trois fois supérieur aux prix parisiens dans cette station d’exception, désignée quatre fois au cours des cinq dernières années comme le meilleur domaine skiable au monde.

La tendance n’est pas nouvelle, mais le Verbier des milliardaires n’est pas celui que j’ai connu il y a trois décennies. Mes grands-parents maternels y disposaient d’un appartement. Ainsi ai-je eu la chance de passer de nombreux étés et hivers – dont mes sept premiers anniversaires – dans ce grand cirque naturel idéalement juché à 1 500 m d’altitude. Pour ma sœur, mes cousins et moi, tant de souvenirs heureux de l’enfance résideront toujours sur les chemins de nos randonnées et les pistes enneigées de Verbier.

Profitant d’une généreuse invitation, nous avons pu vivre en famille de nouveaux moments mémorables : autour de la tarte aux framboises du premier anniversaire de Sirius, au-dessus du point d’envol des parapentes avec Ulysse ou lors d’une ascension de la vertigineuse Pierre Avoi avec Hélène.

Si le site n’a rien perdu de sa superbe, les sommets voient disparaître leur manteau de neige que l’on qualifiait avec trop d’assurance, quand j’étais petit, d’éternelle. C’est un autre marqueur fort qui me reste en mémoire des vacances à Verbier : je me souviens précisément d’avoir connu dans ce cadre privilégié mon premier sentiment écologiste au tournant des années 2000. Jeune enfant, j’avais skié dans la station jusqu’aux vacances d’avril. Quelques années plus tard, nous nous inquiétions de l’enneigement qui avait déjà reculé. Vingt-cinq ans après, le glacier du Mont-Fort (3 330 m) a presque intégralement fondu et même l’imposant Combin, qui trône en face de Verbier, se découvre au cœur de l’été comme ce ne fut jamais le cas auparavant.

Verbier, entourée du Mont-Fort à gauche et du Combin en face, telle qu’observée depuis le chemin de la Pierre Avoi vers les Chutes du Bisse.