Ce mois de juillet est le dernier qu’Ulysse passera chez Isabelle, son assistante maternelle depuis notre arrivée en Bretagne il y a dix-huit mois. Lorsque nous habitions à Paris, nous avions une nette préférence pour la crèche municipale. Pour des questions de coût bien sûr, mais aussi pour l’apprentissage accéléré de la sociabilité. En Brocéliande, nous n’avons pas eu ce choix. Nous avons néanmoins vite compris que nous avons eu beaucoup de chance avec Isabelle. Elle nous a offert une fiabilité à toute épreuve, une protection contre les redoutables virus qui envahissent les crèches en hiver, et surtout un environnement de découverte idéal pour nos petits garçons heureux de se promener chaque jour, de nouer des liens plus forts avec les autres enfants gardés, de rencontrer de nombreux moutons et de multiplier les activités.
Toujours en juillet, mais il y a deux ans, est entré en vigueur l’allongement du congé paternité à 28 jours calendaires. Un progrès dont j’ai pu mesurer le bénéfice avec Sirius l’an dernier, alors qu’Ulysse est né une année trop tôt. De nombreuses voix, auxquelles je joins la mienne, demandent désormais d’étendre ce congé et a minima d’aligner le congé du second parent sur le congé maternité. Au Canada, en Scandinavie et dans d’autres pays, il est facile et normal pour les pères de s’arrêter plusieurs mois pour accueillir un enfant dans les meilleures conditions. Les bienfaits pour les parents et les enfants sont attestés, tant ces premiers mois sont épuisants pour les premiers et décisifs pour développer l’attachement et l’estime de soi chez les seconds.
Je découvre qu’une consultation sur le service public de la petite enfance vient de s’achever, dans le cadre du nébuleux Conseil national de la refondation dont on peine à comprendre les tenants et les aboutissants. En voici la synthèse. L’accompagnement des parents durant la petite enfance est une politique publique qui reste trop méconnue. Elle est pourtant essentielle au bon fonctionnement de nos vies personnelles et professionnelles. C’est avant trois ans que se creusent les premières inégalités, qui sont ensuite difficiles à rattraper. Ainsi, pour paraphraser le célèbre proverbe et le replacer dans le contexte tragique des derniers jours : ce ne sont sans doute pas les seuls parents, dont la responsabilité reste naturellement primordiale, qu’il faut blâmer lorsque des jeunes dérapent ; c’est tout le village qui a échoué à les élever.