« Un pour cent des citoyens participent effectivement. Et ce sont toujours les mêmes. La demande de participation existe-t-elle ? » En ces heures de fortes tensions politiques et sociales, les auteurs de Démocraties, nouveau média critique de la participation, évitent les circonvolutions. Nous ne baissons pas les bras, mais nos remèdes participatifs sont objectivement bien peu de choses face à la montée manifeste de la violence, dont les émeutes consécutives à la mort de Nahel M. ne sont qu’une manifestation supplémentaire.
Face à la complexité du monde, la participation citoyenne ne parvient pas à ce jour à représenter plus qu’un fait minoritaire. Tel un verdict sans appel, l’expression ne sort pas de ma tête. Pire, les conditions d’exercice du débat et des libertés démocratiques sont de plus en plus menacées, comme en témoignent cette revue de presse des dernières semaines. Alors que le chiffrement de nos communications numériques est une bonne pratique pour protéger nos vies privées, il a été récemment assimilé par les services de renseignement et un juge d’instruction à un comportement terroriste. Alors que le Haut Conseil pour le Climat nous rappelle que nous ne faisons pas assez face au changement climatique, le ministre de l’Intérieur a confirmé la très contestable dissolution du collectif « Les Soulèvements de la Terre ». Alors que le financement d’une transformation radicale doit être priorisé, le Gouvernement refuse le débat, pourtant issu du rang de ses soutiens initiaux, sur la mise en place d’un prélèvement « unique, non récurrent » sur les plus riches.
Chacun le ressent, la pente est glissante et le corps social risque de poursuivre sa dislocation dans le mur des injonctions contradictoires et injustes. C’est dans ce contexte mêlant plaisir de se revoir, morosité de l’horizon et esprit de révolte que ce sont tenues fin juin à Rouen les 7e Rencontres européennes de la participation. Il s’agit du principal salon professionnel réunissant acteurs publics, privés, universitaires et associatifs impliqués dans la mise en place et l’évaluation des démarches participatives. Après des années d’attrait croissant et d’expérimentations, de nombreux acteurs du secteur sont confrontés à une stabilisation, voire un reflux des ambitions et des moyens. Nous l’avions constaté chez OSP le mois dernier. La tendance se confirme dans les échanges avec la plupart de nos homologues. La pause estivale est désormais espérée comme l’oasis qui permettra de poser nos réflexions et reposer nos organismes. Il faudra ensuite remonter la pente pour convaincre que la participation doit être l’affaire de la grande majorité de la population.