De Prague, je gardais le souvenir d’un parc d’attractions à ciel ouvert pour des hordes de touristes. Lorsque j’avais visité la capitale tchèque en juin 2011 au cours de mon tour rêvé de l’Europe, elle m’était apparue moins spectaculaire que les autres capitales du centre de l’Europe, Vienne et Budapest, arpentées dans la foulée. Invité à la parcourir de nouveau sous le soleil plus frais de novembre 2022, j’ai redécouvert hors-saison la ville de Kafka.

L’horloge astronomique, symbole de la ville, devant les flèches gothiques de l’église Notre-Dame de Týn sur la place de la vieille ville.

Avant la parenthèse pandémique, ma dernière escapade hors des frontières hexagonales remontait à l’été 2019. Trois longues années et une double paternité plus tard, j’ai retrouvé ce grand plaisir de me laissant guider, sans but précis, par l’architecture harmonieuse. J’ai ravivé quelques souvenirs, comme celui de l’ascension vers la Tour de Petřín, cousine de notre Tour Eiffel. J’ai visité de nouveaux sites, telle la Maison municipale qui jouxte l’impressionnante Tour Poudrière et abrite une exposition sur les illustrations art nouveau d’Alfons Mucha, le plus parisien des Tchèques.

Les jardins que surplombe la Tour de Petřín offrent la plus belle vue panoramique sur Prague.

Le dépaysement n’était pas la principale justification du périple en bus de nuit : j’étais convié à intervenir sur la civic-tech et les communs numériques lors du Creative Bureaucracy Festival. J’y ai rencontré les membres de l’association Česko Digital, impatients de renouveler les pratiques démocratiques et de cultiver la fibre européenne, dans le sillage des jeunes maire de Prague et ministre du numérique, tous deux issus des rangs du Parti Pirate qui s’est hissé au rang de troisième force politique du pays lors des législatives de 2021 !

Situés à un millier de kilomètres de Paris, le Pont Charles et ses « cheminées » gourmandes
sont plus proches dans la réalité que dans nos représentations.

Dernier point marquant : la guerre en Ukraine, omniprésente sur les façades et dans les discussions, met à l’épreuve depuis près d’un an l’hospitalité praguoise exemplaire. Alors que la République tchèque exerce la présidence tournante du Conseil de l’UE jusqu’au 31 décembre, les réfugiés ukrainiens seraient, m’a-t-on dit, plus de 100 000 à Prague – soit au moins 50 % de plus que sur l’ensemble du territoire français. Ressentir d’un peu plus près la tragédie de millions de familles ukrainiennes n’a fait que renforcer l’importance à mes yeux du rapprochement de nos liens européens.