Pour célébrer son trentième anniversaire, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) a organisé fin mars à Angers la première édition du Grand défi écologique : un événement composé de conférences, ateliers et visites destiné à plus de 1200 professionnels soucieux de comprendre et diffuser les quatre scénarios prospectifs qui permettraient selon l’agence d’atteindre la neutralité carbone en France à l’horizon 2050. J’ai pu y participer, dans l’optique d’approfondir la réflexion sur le rôle qu’Open Source Politics pourrait jouer dans cette dynamique.

Le travail minutieux et très pédagogique des équipes de l’ADEME rend accessibles et cohérentes les pistes pour gravir cette montagne de complexité. Au lieu de renforcer les sentiments ambiants d’éco-anxiété et de vertigineuse impuissance comme je le craignais au démarrage, le format de l’événement m’a progressivement rassuré. Des actions réelles sont désormais engagées de manière irréversible par un nombre croissant d’acteurs publics comme privés. La prise de conscience et le passage à l’action s’observent sous toutes les latitudes et au sein de toutes les catégories sociales, depuis l’Afrique du Sud qui a accepté de renoncer au charbon dont dépend son économie actuelle jusqu’aux lycéens de Seine-Saint-Denis qui, dans le documentaire Douce France de Geoffrey Couanon, ont changé de regard sur le projet d’implanter un énième complexe commercial au prix de l’artificialisation des dernières terres agricoles à proximité de chez eux.

Les chiffres ayant tendance à nous écraser, je n’en abuserai pas cette fois-ci ; les récits proposés par l’ADEME permettent en revanche de nous projeter. Serons-nous capables d’adopter volontairement et de maintenir durablement une frugalité généralisée ou sera-t-il plus désirable de refonder notre contrat social sur la planification et la coopération en renonçant partiellement à nos intérêts individuels de court terme ? Pouvons-nous au contraire miser sur de nouvelles technologies vertes ou parier sur des solutions de capture du CO2 non existantes à ce jour pour amortir l’ampleur des efforts ? L’issue la plus souhaitable aurait été, par exemple dans le cadre d’une campagne électorale digne de ce nom, d’explorer en détail les options – en partant du principe qu’il n’est pas possible de mélanger les avantages et retirer les inconvénients de chaque scénario. L’occasion est manquée, mais retroussons nos manches : relever ce grand défi du climat et de la biodiversité ne fait que commencer et il y aura du travail pour tout le monde.