Côtoyant Dune au firmament de la science-fiction, le Cycle de Fondation écrit par le génie Isaac Asimov restera probablement pour toujours, en souvenir de ma lecture passionnée à la fin de l’adolescence, la plus grande œuvre du genre à mes yeux. Il était improbable que les deux monuments soient portés à l’écran à quelques jours d’intervalle, avec des résultats aussi satisfaisants sur les plans narratif et visuel.
La puissance conceptuelle de Fondation (1951) réside dans l’invention de la psychohistoire, alliage de psychologie, de sociologie et de mathématique statistique qui permet au brillant Hari Seldon de prédire que l’Empire galactique composé de millions de mondes est au bord de l’effondrement. La seule chance que la période de déclin obscurantiste de l’humanité soit réduite à un millénaire plutôt que trente réside dans son plan d’édification d’une colonie scientifique inaccessible, dont la mission sera de préserver le maximum de connaissances pour les générations futures. Sa prédiction hérétique vaut à Hari Seldon d’être exilé de la planète-capitale Trantor. Avec ses adeptes, il se dirige vers la très lointaine Terminus où sera implantée la Fondation. Depuis ma lecture il y a près de vingt ans, cet horizon est devenu un repère dans ma construction personnelle : l’hypothèse Fondation m’évoque à la fois le stade qu’il ne faudra pas atteindre en tant que société et le dernier recours à tenter face à la montée perceptible de nos pulsions autodestructrices.
Composé de cinq livres et deux préquelles qui balayent plusieurs siècles et brossent des personnages nouveaux, le cycle littéraire écrit sur près de cinquante ans par Asimov explore bien au-delà du plan Seldon qui lui sert de fil conducteur. Le format d’une série aux multiples saisons était sans doute le seul envisageable pour reproduire cette profondeur et cette diversité. Au regard des trois premiers épisodes disponibles, et notamment des scènes impliquant le spatioport de Trantor, Apple semble avoir investi les moyens nécessaires pour faire briller nos rétines.