Les spectaculaires 49,6°C atteints à Lytton (Canada) fin juin n’étaient que le premier marqueur d’un été dramatique jalonné de catastrophes qui se sont enchaînées à un rythme quasi hebdomadaire. Canicules, sécheresses, incendies et famines ou fontes des glaces, déluges et inondations selon les latitudes, la planète entière est touchée par des événements de plus en plus réguliers et dévastateurs. Rendu public le 9 août, le dernier rapport du GIEC est sans équivoque : le réchauffement climatique causé par l’activité humaine moderne est indéniable, sans précédent et ses conséquences désormais inévitables seront irréversibles sur des millénaires.
Ajoutons à cela la reconquête éclair de l’Afghanistan par les Talibans et les images de l’exil désespéré à l’aéroport de Kaboul. Elles laissent les impuissances occidentales défaites et stupéfaites au moment de commémorer les vingt ans des attentats du 11 septembre 2001, point de bascule symbolique dans notre âge de crise permanente. L’époque de la violence à la sortie de l’enfance pour la génération Y. A rebours du positivisme progressiste dans lequel nous avons grandi, nous mesurons à quel point l’histoire peut mal finir.
S’y habituer est déjà douloureux, s’y résoudre est intolérable. Même lorsque l’on a toutes les raisons personnelles de se sentir chanceux et comblé, il n’est plus possible de s’isoler du cours du monde et, je le crains, d’avoir le cœur assez léger pour être foncièrement heureux. La prise de conscience a déjà eu lieu chez beaucoup d’entre nous. Elle nous pousse à muter, à mettre à jour nos perspectives et à essayer d’embarquer les autres, mais avons-nous la force d’entraînement suffisante ? Crier au milieu des flammes nous essouffle jusqu’à nous ôter la voix.