Parmi les belles trouvailles qui se partagent sur les réseaux sociaux ce mois-ci, un tweet constate que le COVID-19 a déjà fait plus que tout dirigeant pour la transformation digitale du travail en entreprise. C’est vrai également pour une « entreprise numérique » comme OSP. Il y a un mois, nous estimions collectivement que nous ne pourrions pas travailler efficacement en étant plus d’un jour par semaine à distance. Moi-même, j’ai longtemps pensé que j’étais condamné à l’improductivité en télétravail. Là aussi, tout a si vite changé.

Comme la réflexion était déjà en cours dans l’équipe, nous avons anticipé le passage « en remote » (à distance) dès le 9 mars et décidé de l’appliquer strictement à compter du 13 mars. Malgré quelques contretemps, nous avons pu improviser une réorganisation dans la souplesse. La première semaine de confinement s’accompagnait de l’excitation de la découverte et du temps libéré, la seconde a apporté la déception de voir que la charge de travail restait importante, la troisième commence à peser sur certains esprits, la suite est encore inconnue… mais une chose est sûre : nous avons d’ores et déjà appris à travailler différemment ensemble.

J’ai profité des premiers jours pour me documenter sur les équipes qui pratiquent le télétravail par défaut depuis des années. Leurs conseils sont faciles à trouver sur les internets. Je recommande notamment le blog de l’équipe Doist, développeurs de todoist, l’application essentielle que j’utilise pour m’organiser. Tout commence en effet par une bonne organisation personnelle : un espace de travail distinct du reste de l’espace de vie (quand on a la chance d’avoir assez de pièces), des horaires encadrés, un temps préservé sans écran. Il faut ensuite s’adapter à la communication asynchrone et prévoir des moments de mise en commun. Enfin, une équipe ne peut fonctionner durablement sans contact direct qu’à condition de reposer sur une politique de confiance. La mue ne s’opère pas en un jour, et il est encore tôt pour tirer des conclusions, mais j’ai l’impression que nous avons adopté quelques bonnes pratiques.

L’époque se prête au développement des outils collaboratifs en ligne et, par conséquent, nous ne manquons pas de travail à court terme. Nous avons toujours dit que les outils numériques n’étaient pas magiques sans accompagnement physique, mais nous sommes heureux de voir que nos plateformes se révèlent utiles à plusieurs organisations : la ville d’Angers a ouvert un espace d’entraide à l’échelle locale, celle de Nancy se sert de Decidim en interne pour que ses centaines d’agents publics gardent le contact et continuent leurs missions pendant le confinement, l’ONG internationale Aide et Action ou la Fédération des Acteurs de la Solidarité débutent leur adoption de nos services dans ce contexte particulier.

Nous manquons malheureusement de ressources pour contribuer à d’autres projets dédiés. C’est frustrant car nous voyons que c’est grâce à sa communauté numérique que Taïwan a su, mieux que n’importe quel autre pays, résister à l’épidémie. Aussi soutenons-nous avec admiration ces projets qui ont rapidement émergé autour de nous :

  • enpremiereligne.fr est une plateforme qui met en relation les personnes mobilisées par la lutte contre le virus ou à risque avec des volontaires prêts à les soulager en rendant de petits services – avec succès puisque plus de 77 000 bénévoles se sont déjà engagés en moins de trois semaines ; 
  • continuitepedagogique.org est une communauté de citoyen·nes qui soutiennent les enseignant·es dans leurs pratiques numériques pour assurer au mieux la continuité pédagogique durant l’épidémie ;
  • solidarite-numerique.fr est à la fois un numéro unique national et un centre de ressources mis en place par la coopérative de La MedNum (coopérative des acteurs de la médiation numérique dont OSP est sociétaire), pour venir en aide des personnes éloignées du numérique ;
  • entraide.chatons.org est un portail d’accès à des services en ligne libres et sans inscription mis en place par le réseau des CHATONS (Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires) initié par Framasoft ;
  • A ce titre, puisque les services de visioconférence se révèlent indispensables en ce moment, privilégiez également les alternatives libres comme Jitsi plutôt que les services qui émanent des GAFAM ou collectent des données pour eux !


Dis-moi quel outil tu choisis, je te dirai quel monde tu construis !